Les ados ont-ils peu à peu abandonné la lecture au profit d’Internet ? Rien n’est moins sûr au regard des chiffres des ventes de BD et de mangas. Pourtant, ces derniers sont encore considérés comme des lectures faciles et futiles…
Envisagée comme un loisir, un divertissement, et non comme de la “vraie” lecture, la lecture de manga et de bandes dessinées laisse plus d’un parent perplexe, tant les préjugés sont légion.
Il est désormais grand temps de réhabiliter la bande dessinée et le manga, que dévorent bon nombre d’ados !
Développer son imagination
Lecture de paresseux, les BD et mangas ? Bien au contraire ! Leurs fans sont très imaginatifs, selon Delphine Saulière, rédactrice en chef de plusieurs magazines édités par les éditions Bayard. « Les ados se sentent libres de broder autour du récit que leur propose la BD. » Lire un manga ou une BD nécessite une forte concentration face au dialogue constant entre texte et images. Cela induit une participation active du lecteur. De plus, ces livres ouvrent sur un monde traitant d’une grande variété de sujets qui préoccupent les ados. Le temps de la lecture, cette mise en suspens du monde réel est centrée sur des personnages auxquels les ados peuvent facilement s’identifier.
Une contre-culture qui se démocratise
En France, les mangas représentent un tiers des ventes de BD. Éloignés des codes de lecture français, ils constituent la contre-culture adolescente par excellence. D’abord parce que cette passion est incomprise voire fortement critiquée par la plupart des adultes, ensuite parce qu’elle est loin des romans classiques que les adolescents sont obligés de lire à l’école.
Violents, néfastes pour le développement des ados, sources de dépendance, idiots... les préjugés sont nombreux. Ah oui, vraiment ? Pourtant, lire un manga ou une BD, en plus de rester en contact avec l’écrit, c’est se positionner, affirmer ses goûts et sa personnalité, contre les injonctions des parents ou de l’école, contre les préjugés.
Un sentiment d’appartenance
Si la BD ou le manga se lit en solitaire, ils n’en demeurent un excellent vecteur de sociabilité. La notion de tribu, de communauté réunie autour de ces livres est primordiale. Le format, les codes culturels inhérents aux mangas font du lecteur un initié, le singularisant tout en l’intégrant à un groupe de fans très large puisque les sorties se font à l’international. Christine Detrez et Olivier Vanhée, auteurs du livre Les Mangados : lire des mangas à l’adolescence (éd. Bibliothèque publique d’information, Centre Pompidou, 2012), le confirment : « le manga, thématiquement, matériellement et symboliquement, permet de tisser ces liens de sociabilité, de se sentir membre d’une communauté d’intérêts partagés », au point de devenir, parfois, un vecteur d’intégration à un groupe.
Texte : Bonne Santé Mutualiste