Dès la vie in utero, nous sommes exposés à nombre de facteurs extérieurs liés à l’environnement, qui ont des conséquences sur notre santé tout au long de la vie. Ils peuvent conduire à l’apparition de maladies chroniques : c’est ce qu’on appelle l’exposome.
En France, plus de 20 millions de personnes sont concernées par des soins liés à une maladie chronique, soit 35 % de la population. Cette prévalence, en hausse constante, a plusieurs facteurs, soulignés par les travaux de l’Assemblée Nationale (Michel Chassang et Anne Gautier) en 2019. Mais ce qui revient dans les diverses études parues ces dernières années, c’est l’implication de l’exposome dans le développement de ces maladies chroniques.
L’exposome : qu’est-ce-que c’est ?
En 2005, l’ancien directeur du Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), le Dr Christopher Wild, définissait l’exposome comme l’analyse de l’exposition à des « facteurs extérieurs et environnementaux que subit l’organisme de la conception à sa fin de vie ». En d’autres termes, l’exposome est l’évaluation de tous les facteurs de risque de développer des maladies chroniques qui ne sont pas génétiques : polluants, particules fines, perturbateurs endocriniens, qualité de l’eau, pollution sonore et lumineuse, radiations, alimentation, pesticides, UV...
Des maladies dites “de civilisation”
Selon l’étude menée par les scientifiques du Barcelona Institute for Global Health parue dans la revue Nature Communications, « 70 à 90 % du risque de développer une maladie serait déterminé par notre exposome ». Ces maladies dites “de civilisation” ou chroniques sont connues depuis de nombreuses années : diabète, cancers non génétiques, maladies cardiovasculaires et respiratoires, troubles neurologiques... La récente étude montre donc que nos modes de vie et l’environnement dans lequel nous évoluons sont responsables, tout ou en partie, de ces maladies.
La vulnérabilité des 1 000 premiers jours
Pour les auteurs de l’étude sur l’exposome, le « début de la vie est un moment particulièrement important » car c’est une période de développement vulnérable, où les expositions à des polluants ou des toxiques peuvent avoir des effets prononcés au niveau moléculaire. En septembre 2020, la commission “1 000 premiers jours” présidée par Boris Cyrulnik l’affirmait déjà : « La période des 1 000 premiers jours est une période où l’exposition aux substances toxiques est la plus dangereuse. » L’environnement au sens large joue ainsi l’effet d’un “programmateur”, dès le début de la grossesse, des principales fonctions biologiques.
Ce que nous pouvons faire
Réduire l’exposition aux polluants dès le plus jeune âge permettrait de réduire, à l’âge adulte, la survenue de nombreuses maladies chroniques. S’il est possible de changer certains comportements à l’échelle individuelle (éviter d’acheter des produits manufacturés et alimentaires contenant des polluants, etc.), c’est à l’échelle sociétale que les choses doivent bouger, en impliquant les collectivités, les gouvernements et les industriels. Ceux-ci doivent prendre en compte le fait que les activités humaines sont délétères à l’environnement et à la santé humaine.
Source : Bonne Santé Magazine