Alors qu’elle concernera toutes les femmes au cours de leur vie, la ménopause est une étape toujours taboue pour près d’un tiers d’entre elles. Le corps médical peine aussi à offrir un parcours de soins pluridisciplinaires qui regrouperait gynécologues, cardiologues, psychologues pour les accompagner.
Pour 41 % des femmes*, la ménopause reste un sujet tabou : la moitié n’en discute pas avec son partenaire, notamment parce que le sujet est associé à la vieillesse, à la prise de poids, à la baisse de libido, à la dépression. Elles sont plus nombreuses encore à se dire mal informées (44 %).
Ce manque d’informations porte surtout sur la soixantaine de symptômes existants, dont certains sont moins connus comme l’incontinence, le développement d’allergies, des problèmes de santé dentaire ou mentale. Et tout cela à cause des hormones…
Les hormones chamboulées
La ménopause désigne en effet l’arrêt des règles (ou « aménorrhée ») depuis plus d’un an. Cette phase naturelle de la vie d’une femme, qui survient entre 45 et 55 ans (à 51 ans en moyenne en France), correspond à l’arrêt du fonctionnement des ovaires et signe la fin de la période au cours de laquelle la femme peut se reproduire.
Elle est précédée par une période dite de “périménopause”, où les taux d’œstrogènes et de progestérone deviennent erratiques, ce qui engendre l’apparition de troubles : règles irrégulières et/ou abondantes, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, troubles génito-urinaires (sécheresse vulvovaginale, infections urinaires), sensation de fatigue, troubles du sommeil, irritabilité, ou encore une impression de brouillard cérébral (brain fog)…
Soulager les symptômes
Bien que désagréables, et parfois handicapants, les symptômes de la ménopause peuvent être réduits, notamment en adaptant son hygiène de vie : augmenter la consommation de fruits et légumes, réduire le tabac et le café, pratiquer régulièrement un sport... Dans le cas où les symptômes sont trop envahissants, le médecin peut proposer un traitement hormonal substitutif (TSH), qui agit par substitution aux principales hormones féminines.
Un suivi médical régulier permet de détecter des problèmes de santé plus importants, et de les prendre en charge rapidement.
Par exemple, la perte osseuse qui suit la ménopause augmente le risque d’ostéoporose (qui touche une femme ménopausée sur quatre), qui mène donc à une augmentation des fractures.
Les risques cardiovasculaires augmentent également du fait de la perte de protection naturelle par les hormones, ces dernières protégeant aussi le système génito-urinaire.
À l’inverse, la ménopause a un effet positif sur les fibromes utérins, sur l’endométriose et sur les migraines, trois situations médicales souvent liées aux cycles hormonaux.
Une nouvelle étape de la vie
La ménopause peut aussi être synonyme de liberté : plus de préoccupations dues aux règles, libération de la sexualité sans risque de grossesse… En plus d’une stabilité hormonale, c’est généralement une période de définition de sa propre stabilité. Pour certaines femmes, c’est l’occasion de renouer avec leur corps sans fluctuations d’humeur, tout en réévaluant leurs priorités (santé, bien-être, équilibre vie personnelle/professionnelle…).
La ménopause marque le début de la seconde moitié de l’existence, grâce à l’augmentation de l’espérance de vie.
Cancer du sein et ménopause
À la périménopause et à la ménopause, alors que la production d’hormones ovariennes chute, le tissu graisseux continue de produire un peu d’œstrogènes : la prise de poids induite par la ménopause augmente donc le risque de cancer du sein. Il est donc important de faire des mammographies régulièrement à partir de la ménopause, car c’est à ce moment qu’est diagnostiqué le plus grand nombre de cancers du sein.
La ménopause, une construction sociale ?
La ménopause est extrêmement rare dans le règne animal : avec l’humain, seules cinq espèces de cétacés baleines sont concernées, ainsi que les chimpanzés. Pourquoi ? Parce que ce sont des espèces qui vivent en famille, où les femelles âgées tendent à diriger les groupes et à éduquer les petits. Cette « l’hypothèse de la grand-mère » émise dans les années 1960 par l’anthropologue Kristen Hawkes montre que la ménopause permet d’occuper un nouveau rôle social, comme au Japon où le mot ménopause n’existe d’ailleurs pas : il est remplacé par konenki, qui désigne le vieillissement à la fois masculin et féminin.
Dans les sociétés qui valorisent la fécondité, comme en Occident, la ménopause est la perte de cette capacité à enfanter. En opposition au corps masculin stable, le corps féminin instable : vieillir, c’est perdre de la valeur sociale**.
* Étude Essity menée en 2023.
** Entretien avec Cécile Charlap, sociologue, « La ménopause est-elle une construction sociale ? », publié sur lejournal.cnrs.fr le 10 octobre 2023.
Source : Bonne Santé Mutualiste