Près de deux millions de Français majeurs infectés par le Sars-CoV-2 (et diagnostiqués) souffrent d’un covid long. À l’échelle mondiale, cela concernerait près de 17 millions de personnes, qui voient souvent leur souffrance minimisée. Mais la variabilité des symptômes complexifie le diagnostic de la maladie. Quels sont ces symptômes ? Quelle est la prise en charge ?
Avec des symptômes invalidants qui durent pendant des semaines, des mois et parfois des années, les personnes atteintes d’un Covid long sont depuis 2023 considérées comme malades chroniques, après trois ans de controverse autour de l’existence ou non de cette pathologie.
Définir un Covid long
Fatigue, essoufflement, dysfonctionnement cognitif, brouillard mental, pertes de mémoire, difficultés de concentration, hyperventilation, douleurs musculaires ou articulaires, problèmes digestifs, troubles du sommeil... cette liste n’est qu’une infime partie des plus de 200 symptômes que peuvent présenter les patients souffrant d’un Covid long.
Tout le monde ou presque en a déjà entendu parler, mais peu de personnes ont conscience de la souffrance qui impacte si fortement la vie quotidienne de 1,2 % des personnes interrogées par Santé Publique France. Sachant que ce pourcentage n’est pas représentatif de la quantité réelle de malades. Car pour être diagnostiqué, c’est un véritable parcours du combattant : il faut que toute autre piste correspondant aux symptômes soit écartée. Or, on les a cités, ces symptômes sont, disons, vagues.
De plus, même si les symptômes du Covid long diminuent au fil du temps, 20 % des personnes touchées ressentent encore des symptômes un an et demi après la contamination, et près de 10 % font des rechutes hebdomadaires fréquentes et invalidantes 18 mois après l’infection.
À quoi est dû ce Covid long ?
Une équipe suisse a découvert que certaines protéines sont présentes en plus grande quantité dans le sang des personnes ayant un Covid long. Les protéines en question sont assez peu connues, mais sont des éléments essentiels dans l’aide du système immunitaire pour détruire les microbes et débarrasser le corps des cellules endommagées. L’ensemble de ces protéines est appelé le “complément”, et est anormalement actif chez les personnes atteintes par le Covid long. Ces protéines restent activées après l’infection, se retournant contre les cellules saines de tout l’organisme, justifiant la diversité et l’intensité des symptômes décrits.
Une prise en charge compliquée
La prise en charge du Covid long nécessite une reconnaissance et une prise en charge complète, reposant sur trois aspects : un aspect clinique assuré par un généraliste, un aspect physique par un rééducateur ou un kinésithérapeute et enfin un aspect psychologique assuré par un psychiatre ou un psychologue. Le diagnostic est très difficile, car il n’y a pas encore de critères établis du fait de la grande variété de symptômes possibles, ce qui rend le parcours de soins très chaotique.
L’Assurance Maladie propose plusieurs aides, en cas de difficultés financières liées à la maladie ou en cas de difficultés pour accéder aux soins. Le patient peut bénéficier du dispositif “Affection Longue Durée”, et s’il a été infecté par le Covid dans le cadre de son activité professionnelle, il peut être pris en charge sous la catégorie “maladie professionnelle”.
Mais l’absence de traitement de fond pour soulager le malade est handicapante. Les patients doivent, malgré eux, apprendre à vivre avec une condition physique dégradée, un désintéressement de leur cas et une minimisation de la difficulté de leur situation.
Des patients soupçonnés de “somatiser”
Pour certains, la nature comme la quantité des symptômes apparaissent incompréhensibles, peu caractéristiques. De là, comme beaucoup de Covid longs concernent des femmes, la suspicion de maladie imaginaire. Pourtant, comme le soulignent des médecins effarés du peu de considération pour ces patients, rien d’étonnant quand on sait que le sars-cov-2 cible tout à la fois l’appareil vasculaire, l’appareil immunitaire, l’appareil neurologique, l’appareil digestif, l’appareil respiratoire, bref tout le corps humain !
Un impact social et économique
Selon le Comité de Veille et d’Anticipation des Risques Sanitaires (COVARS), en France, 50 % des patients souffrant des symptômes SPC (syndrome post Covid) avaient repris leur travail à plein temps un an après, 30 % à mi-temps et 20 % n’avaient pas pu reprendre le travail. Le coût n’a pas été évalué en France, mais aux États-Unis, il est estimé à 3 700 milliards de dollars [3 450 milliards d’euros] sur cinq ans, en tenant compte de la perte de qualité de vie sur cinq ans (2 195 milliards), la perte de revenus (997) et la hausse des frais de santé (528). Soit 1 % du PIB.
Source : Bonne Santé Mutualiste