Le médecin du sport s’intéresse aux aspects médicaux liés à la pratique du sport : prévention, diagnostic, traitement et conseil pour retrouver ou maintenir la condition des sportifs en devenir, aguerris ou dilettantes. Pour que cela fasse plus de bien que de mal. Explications avec Anaïs Verbrugge Fuselier, médecin du sport.
Blessures, muscles, tendons, ligaments : le médecin du sport est spécialisé dans la traumatologie, hors chirurgie, et la prévention des risques liés à la pratique sportive. Le médecin peut travailler avec les chirurgiens et suivre la phase post-opératoire. Il peut se centrer sur la rééducation et les douleurs liées à un problème fonctionnel. Il peut se spécialiser dans la prévention et l’accompagnement à la performance chez les sportifs.
De l’impact du sport sur la santé
Ce qui différencie le médecin du sport, c’est la prise en compte dans la vie quotidienne et professionnelle de la personne de la pratique sportive ou de son arrêt. « Souvent on leur dit d'arrêter, de se reposer sans prise en charge thérapeutique » explique Anaïs Verbrugge Fuselier, médecin du sport à Grenoble. « Quand on arrête, on se désadapte et à la reprise, avec l’énergie de la frustration, on se blesse à nouveau. »
Le rôle de conseil et de prévention du médecin du sport est plus important qu’on le pense. « J’ai un patient qui court 7 jours sur 7 : je lui conseille de diversifier le chaussage et les sports, en faisant du vélo, de la natation, car on sait que certaines blessures sont liées à la répétition. Une étude de l’OMS a montré qu’il faut diversifier un maximum les pratiques pour que le sport ne soit pas pathologique. »
Diversifier les pratiques
Un meilleur équilibre anatomique est obtenu quand on ne sollicite pas toujours les mêmes muscles. « On met très vite les jeunes dans un seul sport. Ceux qui sortent du lot sont ceux qui n’ont pas été blessés. Je conseille aux jeunes de faire des stages multisports l’été. »
Cette approche existe d’ailleurs dans l’enseignement scolaire, où les jeunes découvrent différentes disciplines. « En France, nous sommes plutôt bien lotis, même si l’éducation physique devrait être mieux valorisée. Et l’école permet de découvrir le dépassement de soi. » Elle donne aussi envie à de nombreux enfants de poursuivre hors de l’école.
Quand faut-il consulter ?
Le commencement d’une activité
Si une attestation n’est pas demandée par le club, il est néanmoins préférable de consulter. Cette visite médicale est l’occasion de repérer un point de vigilance, voire une pathologie. « J’ai reçu une ado de 15 ans qui n’avait donc pas consulté de médecin depuis longtemps car jamais malade. Or elle a une scoliose énorme que personne n’avait vue. Rares sont les consultations dont il ne ressort rien. » Pour les seniors, un petit check-up cardiaque permet d’aborder la pratique sans appréhension.
La pratique intensive
À partir d’une certaine intensité de pratique, il faut consulter. Avec l’essor de la course à pied, de plus en plus de Français courent 4 ou 5 fois par semaine. « Plus de 8 heures par semaine, quand on a une vie de famille, un travail, c’est beaucoup ». Le médecin du sport peut repérer des erreurs d’entraînement qui risquent d’occasionner des blessures.
La blessure et la douleur
Et bien sûr en cas d’entorses, fractures et toute douleur pendant ou après une séance de sport.
<< Parcours et repères >>
- Diplôme : Parcours de médecin généraliste (9 ans), puis un Diplôme d’Etudes Spécialisées Complémentaire (DESC) ou une Capacité de médecine et biologie du sport. Il existe aussi des Diplômes Universitaire spécialisés (traumatologie d’urgence, cardiologie du sport...)
- Nombres de praticiens concernés : entre 8 000 et 8 500 médecins du sport, et entre 400 et 500 exercent exclusivement cette fonction.
- Salaire : 3 100 € en début de carrière.
- Secteur : Les médecins du sport peuvent exercer en cabinet. Ils ont souvent le statut de vacataire et exercent, le plus souvent à temps partiel, dans des centres médico-sportifs des associations ou fédérations sportives.
Une féminisation de la profession qui profite aux femmes… et aux hommes
Pour un médecin du sport, aborder la fuite urinaire à l’effort ou l’impact du cycle menstruel sur les performances n’est pas évident. Ces sujets sont mieux pris en compte car il y a plus de femmes médecins du sport. Aujourd’hui, on adapte la contraception en fonction du sport pratiqué ; on surveille la grossesse des sportives, etc. Cette levée de tabou profite aussi aux hommes. « Quand je vérifie l’aptitude au sport, je demande toujours aux hommes de plus de 45 ans s’ils ont des troubles de l’érection car c’est un facteur prédictif de maladie cardio-vasculaire et, dans ce cas, je les envoie vers un cardiologue » explique Anaïs Fuselier.
Source : Bonne Santé Mutualiste