« Un petit café ? » : c’est certainement la question la plus souvent posée au quotidien et la plus conviviale en France. Entre collègues, entre amoureux, sur le chantier, au bureau, à une terrasse, il a un rôle social. Mais, au-delà, a-t-il sa place dans une alimentation équilibrée et équitable ?
Pour beaucoup, le premier café est celui du petit-déjeuner. On lui prête un effet stimulant, qui n’est pas une légende : la caféine a une action énergisante et booste l’organisme. La molécule de caféine accroît la vigilance et la concentration dans les heures suivant sa consommation. Des études expérimentales attestent même d’un bénéfice en cas de maladie d’Alzheimer débutante, et en cas de pathologies chroniques comme la maladie de Parkinson.
Riche en glucides, en lipides, en vitamines, en protéines, en minéraux et en antioxydants, le café est néanmoins pauvre en calories. Coupe-faim notoire, il accélère la digestion et aide à éliminer certaines graisses dans une consommation modérée.
Pas plus de 4 cafés par jour
Mais si les effets immédiats sont agréables, l’EFSA* conseille de ne pas dépasser 4 cafés par jour pour en limiter les inconvénients sur notre santé. Le café est susceptible en effet de provoquer de l’hypertension artérielle, des palpitations, pouvant précéder des crises d’angoisse. Il favorise alors l’anxiété et les insomnies en bloquant l’adénosine (neurotransmetteur qui aide à réguler le sommeil), ce qui provoque une sensation de fatigue tout en augmentant la libération d’adrénaline. Le café reste en moyenne 5 heures dans l’organisme, ce qui peut perturber l’endormissement selon l’heure à laquelle il est consommé.
Par ailleurs, il a aussi un effet laxatif et diurétique : il stimule la vessie, ce qui augmente les risques de développer de l’incontinence. Enfin, si vous le consommez avec du sucre, il faut là aussi limiter le nombre de cafés bus par jour.
Les Français et le café, une longue histoire…
84 % des Français** considèrent que la pause-café est importante, voire indispensable, et favorise le bien-être. Un attachement de longue date. Arrivée à Marseille en 1644 et en provenance d’Égypte, cette boisson extraite de la graine torréfiée de la cerise du café se popularise rapidement grâce à l’émergence des salons. On le boit à la fin du repas, au Procope (plus vieux restaurant de France à introduire le café) dès son ouverture en 1686. Il entre dans les foyers grâce aux moulins à café ; on le trouve dans les bouillons populaires ; il atteint le lieu de travail avec l’apparition des machines à café. De nombreux comités d’entreprise “gèrent” la machine à café, conscients que ce point de rendez-vous, autour d’un gobelet en carton, permet de parler aussi des améliorations des conditions de travail. Imagine-t-on aujourd’hui une réunion d’un comité d’administration mutualiste sans café ?
Le café, champion du commerce équitable ?
La culture du café demande une main-d’œuvre très importante et surexploitée. La prise de conscience de certains Européens quant aux conditions de travail des paysans d’Éthiopie, de Bolivie ou du Pérou a donné naissance à un type de commerce équitable. Max Havelaar, en 1978, est le précurseur d’un commerce où les producteurs, groupés en coopératives, peuvent mieux rémunérer les paysans.
Quand on est mutualistes, on ne peut être que sensibles à ces démarches respectueuses de l’environnement et du travail humain. Le café représente 2,25 milliards de tasses consommées chaque jour dans le monde, 10 millions de tonnes produites annuellement. C’est même la deuxième boisson la plus consommée après l’eau !
Certains animaux sont aussi friands de la cerise (ou drupe en termes botaniques) protégeant le grain tant convoité. Ils l’ingèrent et l’homme récolte le grain non torréfié directement dans leurs déjections.
- Le Kopi Luwak : ce café provient de la civette asiatique, le luwak. C’est l’un des cafés les plus chers au monde (entre 200 et 400 euros le kilogramme, 50 euros la tasse).
- Le Jacu Bird : le jacu est un oiseau brésilien, cousin du faisan.
- Le Black Ivory Coffee : ce café est issu d’excréments d’éléphants thaïlandais et, en raison de sa rareté, il coûte environ 1 700 euros le kilogramme.
Une culture de masse
La culture du café est l’une des cultures commerciales les plus importantes, mais elle représente malheureusement un volume de déchets important (en prenant en compte le filtre, la dosette, le gobelet à usage unique) et un gaspillage conséquent d’eau : il faut 140 litres d’eau pour produire 125 millilitres de café. Pour le café dit “vert” (avant torréfaction), le processus de fabrication représente 5 kilogrammes de CO2 par kilogramme de café. De plus, le café est un produit issu de la déforestation : les importations européennes représentent la destruction de 3,5 millions d’hectares de forêt entre 2005 et 2017. Le café décaféiné n’est pas en reste en termes d’utilisation de produits chimique : il est décaféiné grâce à un solvant, le chlorure de méthylène (décapant et dégraissant) ou bien l’acétate d’éthyle (dissolvant pour ongles) !
*Autorité européenne de sécurité des aliments
**Institut d’étude opinion et marketing (IFOP)
En savoir + : https://maxhavelaarfrance.org
Source : Bonne Santé Mutualiste